Je suis la mère d’une jeune femme de 33 ans qui habite à un peu plus de 300km de chez moi qui lors d’une belle journée d’été de 2020, téléphone pour annoncer la pire nouvelle que des parents ne souhaitent jamais entendre.
C’est à travers ses larmes que mon mari et moi entendons le diagnostic : un cancer, leucémie lymphoïde aiguë (LLA). Il n’a fallu que 15 minutes après l’appel pour faire mes bagages et quitter la maison. Je laissais derrière moi mari, famille, engagements… sans même penser au moment où j’allais revenir. Il y avait en moi l’urgence de me faire proche.
J’ai donc passé un an auprès de ma fille, son conjoint et mes deux petites filles. Je ne pouvais être ailleurs qu’auprès d’eux en ces temps de grandes détresses et en temps de COVID 19 qui nous rendait la vie un peu plus compliquée.
Les traitements agressifs changent la personne à différents niveaux, car elle doit gérer et digérer à la fois le diagnostic et tous les effets de la chimiothérapie, radiothérapie, injections intrathécales sans oublier le sentiment d’injustice pour une femme de cet âge. Deux ans de traitements frappent l’imaginaire.
Je me suis rendue disponible, avec ce que j’étais, pour de l’écoute avec des paroles de consolation, de motivation, d’encouragement, d’espérance tout en donnant de l’aide aux enfants et du temps pour la bonne marche de la maison.
En ce qui me concerne, j’ai vécu mes temps de peine, d’inquiétudes et d’impuissance, mais j’ai pu m’appuyer sur le soutien de mon mari, de ma famille et de mes proches qui à leur manière veillaient sur nous tous. Pour garder l’équilibre, j’ai fait des choses pour moi, de la marche et quelques engagements que je pouvais faire à distance, je demeurais dans l’action. Nous pouvons donner si seulement si nous pouvons aussi recevoir.
À distance, je regarde le chemin parcouru avec la joie d’avoir donné tout ce que je pouvais donner à ce moment-là et avec aucun regret. Mon corps, mon cœur et mon esprit ont tenu le coup et j’en suis très reconnaissante.
Aujourd’hui, tout le monde se porte bien et nous rendons grâce à la Vie.
Wendy Paradis
