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Alexandra Yelle - Montreal

Alexandra Yelle - Recevoir un diagnostic

St-Jérôme QC
Canada

Pour ma part, de lire ces témoignages, m’a enlevé un énorme fardeau sur mes épaules et j’ai finalement appris à vivre avec ma nouvelle réalité.

Recevoir un diagnostic de cancer, peu importe l’âge, ce n’est jamais évident. De l’avoir dans la vingtaine, on dirait que ce l’est encore moins. Nous commençons notre vie d’adulte, nous terminons nos études, nous trouvons un emploi, nous avons un(e) copain(e)... C’est généralement dans cette période que tout décolle. J’ai eu mon diagnostique à l’âge de 24 ans. Leucémie myéloïde aigue. J’étais dans un domaine qui me passionnait et j’avais un nouveau copain depuis quelques mois déjà. Tout allait bien, vraiment, j’étais tellement épanouie! Et puis bam! Tout chamboule en une fraction de seconde. Ma vie s’arrête, se met sur pause pour je ne sais combien de temps. 

 Dès le départ, j’ai mentionné à mon copain (les larmes sur les joues) que jamais je lui en voudrai s’il décidait de partir, parce que je comprenais que je mettais également sa vie à lui sur pause et je trouvais cela un peu égoïste de ma part. Vous me direz que c’est juste normal qu’il soit à mes côtés, mais je ne voulais pas lui faire vivre cette gamme d’émotions, j’aurais totalement compris son choix. Il a décidé de rester à mes côtés et d’être le plus présent possible, de traverser cette période à deux. Là où ça a été le plus difficile pour nous et où je trouve qu’il s’agit d’un sujet tabou, est la sexualité. Évidemment, ça aussi a été mis sur pause, car j’étais en isolement (deux fois plutôt qu’une en raison de ma greffe de moelle osseuse) et on s’entend que même une fois rendue à la maison, je n’avais pas nécessairement le moral ou la tête à ça. J’étais épuisée, voir même malade par moment. Ce qui a été dur, c’est que je n’arrivais pas à l’exprimer. Je ne sais pas pourquoi, mais on a toujours un certain malaise quand il s’agit de la sexualité. Je suis allée jusqu’à faire des recherches et acheter des livres sur le sujet. Je voulais savoir si j’étais normale, car je ne voulais pas mettre ça sur le dos de la maladie, mais après avoir lu plusieurs témoignages, je me sentais moins seule dans cette situation et j’ai tenté de lui expliquer. Honnêtement, j’ai eu la chance d’avoir la meilleure personne à mes côtés et une personne tellement compréhensive! Il comprenait surtout le pourquoi, mais aussi, comment je me sentais, car honnêtement, en plus de la fatigue ou le moral à plat, le fait d’avoir perdu mes cheveux a été extrêmement difficile sur ma confiance en moi. Je ne me trouvais pas jolie, j’étais complexée, mal à l’aise. Alors dans ma tête, il y avait un blocage, littéralement. Je ne pouvais pas concevoir qu’une personne puisse encore m’aimer comme avant même sans cheveux. Je sais que je ne suis pas seule à avoir vécu des moments comme ceux-là, mais je sais aussi que je me sentais seule quand je les vivais. 

 Aujourd’hui, avec du recul, je réalise que nous sommes, malheureusement, énormément de personnes dans la même situation. C’est important d’en parler et de ne pas s’isoler ou de se sentir seul. J’ai trouvé vraiment intéressant de lire sur le sujet, car même à ce moment, j’ignorais qu’il y avait des livres qui avaient été écrit sur le cancer et la sexualité. Prenez le temps de le lire. Autant-vous que votre conjoint(e), vous y trouverez des astuces et des conseils. Pour ma part, de lire ces témoignages, m’a enlevé un énorme fardeau sur mes épaules et j’ai finalement appris à vivre avec ma nouvelle réalité.