Nous appréhendons tous la vie après le cancer. Pour certains, le début de la rémission est associé à une deuxième chance, un nouveau départ, un second souffle, la fin d’une bataille qui aura duré des années… Pour ma part, elle s’est traduite par la fin de six mois de chimiothérapie, de prises de sang répétées, de scans de contrôle et a permis de donner un deuxième souffle à mes proches. Certes, le début de la rémission a été synonyme d’excitation, de joie et de reconnaissance, mais aussi beaucoup d’incompréhension, de culpabilité et de remises en question. Je n’ai jamais douté que j’allais survivre à ce cancer. En plus d’être optimiste de nature, les statistiques et la science jouaient en ma faveur. Je me suis toujours considérée chanceuse dans ma malchance.
Aujourd’hui, un an s’est écoulé depuis le 4 mai 2021, journée qui a marqué mon dernier traitement. Journée où j’espérais tourner la dernière page d’un chapitre de ma vie… J’ai toujours eu comme devise que rien n’arrive pour rien dans la vie. J’aimais donner un sens à tout ce qui pouvait se présenter sur mon chemin; autant les évènements plus heureux que malheureux. Par contre, quand il est question de cancer, il est difficile de naviguer dans l’inconnu et de trouver un sens à la maladie. Je pense que c’est pour ces raisons qu’encore aujourd’hui je ressens beaucoup d’incompréhension et parfois une certaine amertume quand je repense à la dernière année.
Je prends conscience que parfois il n’y pas d’explication plausible à un évènement et que c’est correct ainsi… J’apprends à davantage lâcher prise, lorsque c’est nécessaire et d’apprécier la simplicité de certains moments et des petits plaisirs de la vie. Je dois admettre que j’ai encore énormément de travail à faire. Dans un environnement qui roule à grande vitesse, il n’est pas toujours facile de mettre un pied sur le frein. Le cancer m’aura permis de réaliser l’importance de le faire, mais surtout de reconnaître mes propres limites.
J'ai longtemps minimiser l’expérience que j’ai vécue, pour différentes raisons. Je réalise que la vie après le cancer apporte son lot de défis, tant sur le plan physique pour certains que psychologique pour d’autres. Malgré cela, je pense sincèrement que cette maladie me permet de devenir une meilleure version de moi-même.