Vous n’êtes pas un cas isolé même si… vous avez deux types de cancer du sang
Bill Levine était sous le choc quand il a reçu son premier diagnostic de cancer. C’était sans compter qu’il recevrait un deuxième diagnostic d’un cancer plus grave : la leucémie myéloïde aiguë. Grâce à un traitement agressif, à une attitude positive et à un solide réseau de soutien, Bill se porte bien.
Le mardi 24 août 2021
Société de leucémie et lymphome du Canada
Globe Content Studio
Bill Levine était sous le choc quand il a reçu son premier diagnostic de cancer. C’était sans compter qu’il recevrait un deuxième diagnostic d’un cancer plus grave : la leucémie myéloïde aiguë. Grâce à un traitement agressif, à une attitude positive et à un solide réseau de soutien, Bill se porte bien.
En 2015, lors d’un examen médical de routine, Bill Levine a appris une nouvelle déconcertante. Son médecin lui a révélé qu’il avait un nombre extrêmement élevé de globules blancs.
Bill, un directeur d’école secondaire qui avait 60 ans à l’époque, était abasourdi. Il se sentait en pleine forme.
« Je suis en parfaite santé, je me garde en forme et j’ai de bonnes habitudes de vie, a déclaré Bill à son médecin lors du rendez-vous. C’est sûrement une fausse alerte. » Le médecin a donc procédé à une nouvelle analyse de sang.
Après avoir obtenu les mêmes résultats alarmants, le médecin a transféré le cas de Bill à un oncologue de l’Oshawa General Hospital, près de la maison du patient, à Courtice, en Ontario. C’est là que Bill a reçu un diagnostic de myélofibrose. Selon la Société de leucémie et lymphome du Canada (SLLC), le seul organisme de santé bénévole qui se consacre à tous les cancers du sang, ce cancer du sang rare engendre la formation de tissu fibreux, qui ressemble à du tissu cicatriciel, dans la moelle osseuse. La myélofibrose est un cancer chronique qui peut rendre la personne qui en souffre fatiguée et s’attaquer à ses organes, en particulier la rate, mais certaines personnes sont asymptomatiques.
L’oncologue a prescrit un médicament à Bill pour réguler ses globules blancs et lui a dit que tout devrait bien aller pour les sept prochaines années.
Même si les personnes atteintes de myélofibrose peuvent vivre pendant longtemps sans problème majeur, le risque de complications est non négligeable.
« C’est ce que nous appelons parfois un précancer, explique le Dr Ivan Pasic, oncologue à l’hôpital Princess Margaret. Ce type de cancer se gère assez bien. Le problème, c’est qu’il risque de se transformer en cancer aigu. »
L’oncologue a continué à surveiller l’état de Bill, et en 2019, des tests sanguins ont révélé une hausse du nombre de globules blancs. Bill a été transféré au centre de cancérologie Princess Margaret à Toronto, où il a reçu un diagnostic de leucémie myéloïde aiguë.
En seulement quatre ans, le pire scénario s’était produit. Bill était désormais atteint d’un deuxième cancer du sang et avait besoin d’un nouveau traitement contre cette maladie mortelle. Bill a choisi de rester positif devant l’adversité, tout comme son épouse Joyce.
Le directeur d’école se souvient de la réponse de Joyce lorsqu’il lui a fait part de son diagnostic : « Ne t’en fais pas. Nous allons nous en sortir. Nous ferons tout ce qu’il faut ».
Transformation du cancer
Certains cancers du sang chroniques comme la myélofibrose peuvent se transformer au fil du temps, indique le Dr Pasic. Il précise qu’un phénomène similaire peut se produire dans le cas de la polycythémie vraie, un cancer de la moelle osseuse qui fait en sorte que le corps produit trop de globules rouges, ou encore de la thrombocytémie essentielle, une maladie caractérisée par une production de plaquettes sanguines trop élevée.
« Certaines personnes vivent avec ces maladies pendant 30 ans sans complications. D’autres ont la leucémie aiguë un an plus tard, mentionne le Dr Pasic. »
Les risques que la myélofibrose se transforme en cancer grave sont considérables, car la moelle osseuse devient un milieu moins accueillant pour les cellules souches.
« La moelle osseuse est remplie de cellules souches, qui créent nos cellules sanguines, explique le Dr Pasic. Un changement se produit dans les cellules souches, ce qui fait qu’elles se comportent anormalement. »
Après une tumeur cancéreuse « solide », comme une tumeur au sein, les gens peuvent développer la leucémie. La radiothérapie et certains types de chimiothérapie peuvent également être à l’origine d’un cancer du sang, qui se manifeste souvent après plusieurs années.
La leucémie myéloïde aiguë est une maladie grave. Sans traitement, ce cancer est fatal en quelques semaines. 21 % des patients traités survivent pendant cinq ans. Cependant, le traitement de personnes qui ont déjà eu un cancer ou un précancer pose des problèmes particuliers.
« Le corps des personnes atteintes de leucémie aiguë secondaire a déjà trouvé beaucoup de moyens de résister aux traitements et aux thérapies comme la chimiothérapie, explique le Dr Pasic. Si la personne a une rate au volume anormalement élevé ou d’autres symptômes de précancer, l’équipe médicale doit traiter ces symptômes tout en gérant le nouveau traitement. »
Nadine Prévost, directrice principale des services à la communauté de la SLLC, souligne que les personnes aux prises avec une rechute ou un cancer secondaire doivent parfois composer non seulement avec les conséquences physiques de la maladie, mais aussi avec une détresse émotionnelle.
« Les êtres humains sont résilients. Une personne qui reçoit un diagnostic de cancer du sang peut rapidement trouver le courage de prendre toutes les mesures nécessaires pour vaincre la maladie, indique-t-elle. [Mais] lorsqu’une personne fait une rechute ou que la maladie n’évolue pas comme prévu, les gens ont l’impression de reculer, ce qui peut être tout aussi difficile que de recevoir le diagnostic. »
Gestion d’un deuxième cancer du sang
Quand un deuxième cancer (aigu) frappe, l’objectif de l’équipe médicale est de le déceler à un stade précoce pour le traiter de manière agressive. Le traitement standard est la chimiothérapie, la radiothérapie et une greffe de cellules souches pour favoriser la rémission, si on juge que l’état de santé de la personne s’y prête.
C’est le traitement que Bill Levine a reçu. Dès que son équipe a vu les premières phases de la leucémie myéloïde aiguë, elle a commencé à chercher un donneur de cellules souches. Une fois qu’elle a trouvé un donneur – en Allemagne –, Bill a été admis à l’hôpital et a commencé un programme de chimiothérapie et de radiothérapie agressives au début de 2020.
« Ils passent à un cheveu de vous tuer en essayant de vous débarrasser du cancer », déclare Bill, qui refusait de dormir dans son lit d’hôpital, en affirmant qu’il n’était pas un patient, mais bien un invité au « Princess Margaret Resort ».
Une fois les cellules cancéreuses de Bill détruites par la chimiothérapie et la radiothérapie, les médecins ont procédé à une greffe de nouvelles cellules souches. Il a ensuite fallu attendre plusieurs jours pour voir si le corps de Bill allait accepter les nouvelles cellules souches et commencer à produire ses propres globules blancs.
Bill se souvient que l’attente était brutale : très malade, il était cloué au lit et presque entièrement immunosupprimé. Enfin, son nombre de globules blancs a augmenté, jour après jour. Il a ensuite réussi à marcher dans l’hôpital, en traînant une intraveineuse avec lui, pendant qu’il reprenait tranquillement des forces.
« J’ai appelé [la machine] Wilson », lance Bill, qui est demeuré optimiste tout au long du traitement. Il parlait souvent à sa femme, à ses enfants et à ses frères et sœurs, et surtout à son frère aîné Louis, qui était toujours là pour l’encourager et l’écouter avec empathie.
Bill s’est remis de la greffe de cellules souches, mais le Dr Pasic mentionne que les personnes qui ont eu un deuxième cancer ne s’en sortent pas toujours bien après le traitement. La greffe comporte de nombreux risques, comme la rechute, les infections et la maladie du greffon contre l’hôte (qui survient lorsque les cellules souches du donneur perçoivent les cellules du receveur comme un corps étranger et les attaquent). Jusqu’à présent, Bill n’a eu aucune de ces complications.
« Aujourd’hui, je n’ai plus la leucémie myéloïde aiguë, dit Bill. Y a-t-il un risque de rechute? Certainement. »
Bill dit néanmoins qu’il a l’intention de rester positif et qu’il pourra continuer à compter sur ses amis et sa famille pour obtenir de l’aide.
« Je sais que je m’en suis bien tiré, conclut-il. Je ne suis pas spécial, mais j’ai réussi. »
Les groupes de soutien en personne et en ligne de la SLLC permettent aux personnes vivant avec un cancer du sang chronique et à leur famille d’échanger de l’information et de parler de leur expérience. Pour en savoir plus, consultez notre page ICI.